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Retraites : la règle des trois

Ca n'est qu'une question de temps avant de poser sa vieil carcasse dans un fauteuil du salon ou un transat sur sa terrasse au soleil. Après des décennies de travail, de labeur et de cotisation nous toucherons une pension de retraite. Même d'ici trente ans, elle sera vraisemblablement constitué de trois piliers fondamentaux : retraite publique, retraite complémentaire, retraite privée.

Le premier pilier, retraite publique, est un système par répartition. Son principe est que les cotisations retraites versées aujourd'hui financent les pensions des retraités du jour même. Il est donc faux de penser que vous cotisez pour votre retraite. Nous alimentons une caisse commune qui est redistribuée aux retraités d'aujourd'hui.

Ce système a pour qualité morale d'instaurer une solidarité intergénérationnelle. Pour simplifier, nous autres travailleurs (entrepreneurs et salariés) finançons la retraite de nos aïeux. L'autre intérêt de ce système solidaire est de garantir à tous une pension minimum qu'elle qu'a été leurs vies actives et leurs cotisations versées.

Pour que ce système soit équilibré, les cotisations perçues par l'administration en charge doivent compenser les pensions versées aux bénéficiaires. Aujourd'hui, avec un nombre insuffisant de cotisants et de cotisations et une population de retraités croissante, le système est déficitaire. Quelles solutions pour rétablir l'équilibre ?

Vous rallongez la durée de cotisation. Cela raccourcira d'autant votre période de retraite. Globalement ça se tient car nous gagnons en espérance de vie et donc devrions cotiser d'autant plus. Mais si nous regardons plus en détail, nous constatons pourtant des inégalités marquantes. Certains corps de métiers ne sont pas tenus à cotiser aussi longtemps que la normale et d'autres dû à leur pénibilité voient (statistiquement) leur espérance de vie raccourcie.

Vous augmentez le montant de la cotisation. Cela revient à augmenter la contribution des salariés et des entreprises. L'Etat a le pouvoir régalien de prendre une telle mesure. Seulement cette mesure créerait bien entendu un mouvement de contestation populaire. On ne pourrait augmenter les cotisations retraite sans contre-parties financières équivalentes. Baisser ou plafonner les pensions de retraite seraient d'autant plus inacceptables.

Vous pouvez diversifier vos ressources financières. Cela signifie créer de nouvelles taxes sur des ressources autres que les salaires. Cette nouvelle manne financière pourrait indirectement provenir d'impôts déjà existant, Impôts sur le Revenu, Impôts sur les Sociétés, Impôts Locaux, TVA... Discrétionnaire, cette mesure aurait moins de chance d'être populairement contestée.

La dernière solution a envisager est probablement la meilleure, la plus juste (et la plus difficile pour l'Etat) de toutes. Il nous faut augmenter le nombre de cotisants, c'est à dire permettre la création d'emplois et réduire le chômage ! La plus juste car un système est solidaire si les bénéficiaires sont d'abord les contribuables. Mais le régime public de retraite par répartition ne suffit pas toujours et pour tous à assurer des pensions suffisantes. Ce pourquoi nous comptons aussi sur des retraites complémentaires.

Le deuxième pilier de notre système de retraite est celui des caisses complémentaires. En France, nous les connaissons sous les sigles AGIRC et ARRCO. Ces retraites sont complémentaires au régime public et reposent sur le même principe de répartition, de solidarité. A la différence du premier pilier géré par un organisme public, les caisses de retraite complémentaire sont gérées en parité par des organisations syndicales représentants les salariés et les employeurs. Bien qu'indépendantes, elles ont à faire face aux mêmes problèmes de collecte de cotisation et de versement des pensions. Leurs indépendances a quand même l'avantage de permettre l'avancée plus rapide et concrète de solutions. Bien que composés des acteurs mêmes qui contribuent à notre système de retraite, on peut leurs reprocher ne pas être démocratiquement représentatifs dans un sens étroit. Bien que garantissant à tous un minimum vieillesse, retraites publiques et retraites complémentaires ne suffisent pas à tout le monde.

Le troisième pilier a l'avantage justement d'être individualiste en opposition au principe de solidarité des deux précédents. La retraite par capitalisation est à tout moment de la vie d'un adulte, travailleur salarié ou indépendant, chômeur ou rentier, un choix individuel, modulable et révocable. La retraite par capitalisation c'est une grande variété d'offres de produits financiers proposée essentiellement par des banques, des assurances et des mutuelles.

Techniquement, elles peuvent se diviser en deux catégories : celles qui vous font disposer d'un capital et celles qui vous versent une rente viagère à votre retraite. Ils sont aussi individualisables selon le montant, la régularité des cotisations versées, la nature des placements, le ratio rendement/risque de ces derniers. La faiblesse de ce système privé est bien entendu qu'il est plus faillible car représentée par des institutions financières privées. Même gravement déficitaire, le système public a l'avantage d'être soutenu par l'Etat. Sa plus grande qualité est le libre consentement de ses cotisants.

La retraite nous concerne tous. Nous y contribuons tous au cours de notre vie active. Nous arriverons à un âge où ne pourrons plus compter sur notre force de travail pour subsister. En toute légitimité et légalité, nous compterons alors sur le versement d'une pension de retraite. Malgré cela, il est difficile avant un certain âge de réaliser l'importance de peser individuellement et démocratiquement sur la viabilité, l'équité et la nature composite de notre système de retraite. Il m'est avis que sa flexibilité fera sa force. Chacun doit pouvoir composer sa retraite à la carte sans omettre un des piliers. Nous ne devons pas opposer le système public contre le système privé mais inciter, par la loi et la fiscalité, tous et chacun à souscrire aux deux. Un bon système de retraite aura autant un versant solidaire que libéral.

Retraites : la règle des trois
Tag(s) : #Economie
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